Dans cet entretien, la Dre Oumoul Khairy Coulibaly Tandiang, enseignante-chercheure à l’École supérieure d’économie appliquée (ESEA), souligne que la priorité au Sénégal est de s’attaquer aux inégalités sociales, économiques et territoriales. Elle met en avant la nécessité de réformes urgentes, notamment la révision du Code de la famille pour éliminer les articles discriminatoires envers les femmes, tels que ceux concernant la recherche de paternité et le mariage des mineures. Elle insiste également sur l'importance d'améliorer l'accès des femmes au foncier, en rappelant leur rôle crucial dans la production agricole. Par ailleurs, elle aborde la question migratoire, appelant à une approche basée sur les réalités africaines plutôt que sur les perceptions occidentales. Enfin, elle plaide pour une meilleure répartition des services publics, une réduction du coût de la vie et une amélioration de la sécurité routière, afin de garantir le bien-être collectif.

Migration, Inégalité, Femmes, Foncier, Réforme, Services publics

L'article intitulé « Fabriquer l’identité à la pointe de la kalache : violence et question foncière au Mali », rédigé par Ibrahima Poudiougou et Giovanni Zanoletti, a été publié en 2020 dans la Revue internationale des études du développement. Il analyse comment la violence est devenue un outil de politique publique au Mali, notamment à travers les conflits fonciers. L'étude se penche sur l'affrontement du 25 juin 2016 entre les villages de Mougna et Kossouma, qui a causé une vingtaine de morts et une quarantaine de blessés. Bien que les djihadistes n'aient pas été directement impliqués, cet événement illustre la militarisation croissante des conflits fonciers depuis la rébellion de 2012. Les auteurs examinent comment les répertoires ethniques et religieux, en particulier le « djihadisme », sont mobilisés dans ces conflits, reflétant une remise en question des institutions rurales dans le processus de formation de l'État

Pastoralisme, Conflit, Foncier, Identités politiques

L'article intitulé « Itinéraires d’émancipations par la violence : djihad, autodéfense, foncier et mémoire d’esclavage au centre du Mali », rédigé par Ibrahima Poudiougou et publié en 2025 dans les Cahiers d’études africaines, analyse comment des groupes armés, issus de couches sociales subalternes, utilisent la violence pour s'émanciper des dominations sociopolitiques et historiques au centre du Mali. L'étude se penche sur l'insurrection djihadiste et la contre-insurrection menée par des groupes d'autodéfense tels que Dan Nan Ambassagou. Les auteurs examinent comment ces acteurs mobilisent différents registres de légitimation de la violence, notamment l'appel au djihad, la résistance contre une « nouvelle mise en esclavage » et les accusations réciproques de dépossession foncière entre Dogons et Peuls. L'article illustre ainsi la reconfiguration des relations sociales internes aux sociétés peules et dogons, alimentée par la contestation des dominations et des élites locales

Sécurité, Djihad, Foncier, Autodéfense

Au Sénégal, malgré des avancées législatives en faveur de la parité hommes-femmes, les femmes restent largement sous-représentées dans les instances de gouvernance foncière au niveau communal. Cette situation contraste avec leur contribution majeure à la production agricole, notamment dans les cultures vivrières. De plus, bien que le principe de participation citoyenne soit reconnu légalement, il manque des mécanismes opérationnels permettant l'implication effective des communautés locales, en particulier des femmes, dans la gestion foncière. Pour remédier à cette exclusion, des organisations de la société civile ont développé des outils visant à promouvoir une gouvernance foncière participative et inclusive. Ces initiatives encouragent la mise en place de cadres de concertation locaux paritaires et l'application stricte de la parité dans les organes décisionnels. Les autorités administratives sont appelées à veiller au respect de la parité dans les commissions domaniales, et l'État, ainsi que les parlementaires, à reconnaître légalement ces outils de gouvernance locale sensibles au genre.

Gouvernance, Femmes, Société civile, Foncier

Dans son rapport intitulé "De la promotion de la paix et la justice sociale par une gouvernance foncière équilibrée au Mali", publié le 4 mai 2024 par la Fondation Rosa Luxemburg, le Dr Lamine Doumbia examine les défis liés à la gouvernance foncière au Mali. Il souligne que des politiques foncières déséquilibrées contribuent aux tensions sociales et aux conflits, entravant ainsi la paix et la justice sociale. Le rapport propose une approche de gouvernance foncière inclusive, impliquant toutes les parties prenantes, y compris les communautés locales, les autorités traditionnelles et l'État. Cette approche vise à garantir une répartition équitable des terres, à reconnaître les droits coutumiers et à renforcer la participation communautaire dans la prise de décision. Le Dr Doumbia soutient que l'adoption de telles mesures est essentielle pour promouvoir la paix durable et la justice sociale au Mali.

Gouvernance, Paix, Foncier

L'article "Conflits inter-communautaires au Sahel : Et si les femmes détenaient la solution ?" du Timbuktu Institute met en lumière le rôle crucial que les femmes peuvent jouer dans la résolution des conflits intercommunautaires au Sahel. Bien que souvent perçues comme des victimes, les femmes sont également des actrices clés dans les activités sylvopastorales et sont injustement désavantagées dans la gestion foncière. Leur implication active dans le dialogue intercommunautaire, la sensibilisation et la médiation est essentielle pour trouver des solutions endogènes aux conflits liés au contrôle des ressources telles que les pâturages, les terres agricoles et le bétail. L'article souligne l'importance de reconnaître et de renforcer le rôle des femmes, conformément à la résolution 1325, pour une paix durable dans la région.

Agriculture, Pastoralisme, Paix, Conflit, Femmes, Foncier

L'article « Les racines économiques et sociales de la guerre au Sahel » de Serge Michailof, publié dans Willagri en mars 2020, analyse les facteurs profonds de la crise sahélienne, au-delà du seul phénomène djihadiste. Centré sur le Mali, le Burkina Faso et le Niger, il montre que l’expansion de la violence s’explique par la pauvreté, le sous-emploi, l’enclavement, l’effondrement agricole, une démographie incontrôlée, la dégradation climatique et des gouvernances locales déficientes. Le conflit est alimenté par d’anciens ressentiments intercommunautaires exacerbés par l’accès aux armes. L’économie de survie et l’absence de perspectives poussent de nombreux jeunes vers les groupes armés. Michailof conclut qu’aucune stabilisation durable n’est envisageable sans résoudre les problèmes de gouvernance, de foncier et de marginalisation sociale. L’action militaire seule est insuffisante sans une approche politique et économique globale.

Gouvernance, Conflit, Social, Foncier, Démographie