Ce rapport de synthèse évalue les politiques et pratiques d’éducation multilingue (MLE) dans six pays d’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal, Ghana, Nigeria). Il met en lumière l’évolution des cadres politiques, les stratégies institutionnelles et les expériences de terrain liées à l’usage des langues nationales à l’école. Malgré une reconnaissance croissante du rôle des langues locales dans l’apprentissage, la mise en œuvre de l’éducation multilingue reste fragmentée et sous-financée. Le rapport identifie des obstacles tels que l’insuffisance des ressources humaines, le manque de matériel pédagogique et l’absence de normalisation linguistique. Il recommande une harmonisation des politiques linguistiques, un renforcement de la formation des enseignants, un plaidoyer politique accru, et un financement durable. L’étude plaide pour un engagement régional et une coordination intersectorielle afin de promouvoir une éducation inclusive, de qualité et culturellement pertinente.

Éducation, Jeunesse, Sciences sociales, Recherche

Cette étude qualitative réalisée au Burkina Faso (sept.–nov. 2022) recueille les aspirations de 202 jeunes (10–17 ans) déplacés ou non, à travers 31 groupes de discussion dans six régions. Les jeunes placent en priorité les besoins essentiels (nourriture, eau, vêtements, soins, vélos/adaptations pour les personnes en situation de handicap). L’éducation est vue comme déterminante pour l’avenir, malgré les violences en milieu scolaire. Les adolescents souhaitent contribuer aux revenus familiaux, avec une préférence pour des formations pratiques (couture, élevage). Le loisir est un privilège, la sécurité un impératif. Ils expriment un sentiment d’être exclus, ignorés dans le ciblage et mal informés sur les acteurs humanitaires, et dénoncent des sites de distribution dangereux et dégradants. L’article formule des recommandations pour renforcer la participation juvénile : informer et inclure les jeunes dans la planification, garantir un ciblage équitable, améliorer la dignité et la sécurité des distributions, et adapter l’aide à leurs besoins spécifiques.

Inégalité, Jeunesse, Vulnérabilité

L’étude « Les sociétés civiles au Sahel : Cartographie raisonnée » explore les formes d’organisation collective en Mauritanie, au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Sénégal. Elle montre que la notion de société civile est plurielle, couvrant des écosystèmes d’acteurs aux trajectoires et structures diverses. Ces organisations, souvent enracinées dans l’histoire postcoloniale, vont au-delà du rôle d’intermédiaires techniques pour interpeller les États et bailleurs sur les droits, la gouvernance et les services sociaux. L’étude recommande à l’AFD de renouveler sa stratégie d’appui aux OSC en privilégiant la connaissance des contextes locaux, la proximité sociale, la durabilité des financements et une redevabilité équilibrée. Elle préconise des soutiens plus souples et longs, fondés sur les droits économiques et sociaux, afin de renforcer les capacités locales dans un contexte de crises multiples.

Politique, Social, Médias, Société civile

Le rapport de l’International Rescue Committee du 5 juin 2023 analyse une crise composée au cœur du Sahel central (Mali, Burkina Faso, Niger), où changement climatique et conflits armés alimentent une détresse humanitaire inédite . Il met en lumière la marginalisation politique et économique historique des zones périphériques, rendant leurs populations plus vulnérables à la sécheresse, à la malnutrition et aux déplacements forcés. Face à ces défis, le rapport recommande : 1) garantir un accès humanitaire renforcé, en particulier pour les femmes et les filles ; 2) briser le cycle entre climat et conflit ; 3) financer des initiatives d’adaptation climatique adaptées au contexte du Sahel.

Changement climatique, Sécurité alimentaire, Pauvreté, Sécurité humaine

Ce rapport explore l’écosystème informationnel dans un contexte de crise politique et sécuritaire au Sahel (notamment Mali, Burkina Faso, Niger, mais aussi possible extension à Tchad, Mauritanie) . Il met en évidence un paysage médiatique fragmenté, fondé sur l’oralité traditionnelle, les rumeurs, la radio locale, et un accès limité au numérique Les influences étrangères – chinoises, françaises, russes – modulent le récit local. Les journalistes font face à des contraintes liées au financement, à la liberté de la presse et à la désinformation . L’étude formule plusieurs recommandations : renforcer la cartographie médiatique, améliorer la surveillance des campagnes informationnelles, renforcer les capacités journalistiques, soutenir les médias locaux indépendants et promouvoir la transparence des sources. Cette approche vise à garantir une information fiable en période de crise, à combattre la manipulation, et à éclairer les décisions politiques.

Sécurité, Influence, Diplomatie, Info-guerre

Le policy brief « Sahel : les efforts de stabilisation doivent prendre en compte les déplacements internes » (avril 2023) par Ekaterina (Katia) Golovko du Clingendael Institute, met en lumière l’enjeu crucial des déplacements internes (IDP) dans les stratégies de stabilisation au Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger). Les gouvernements encouragent le retour des déplacés dans leurs zones d'origine pour « stabiliser » les territoires, mais sans préparer les communautés d'accueil, ceci risque d’aggraver les tensions, fragiliser les services publics et alimenter les conflits locaux. L’article propose des recommandations : intégrer la question des déplacés dans la planification, renforcer les capacités des institutions locales, soutenir l’inclusion économique des IDP, et améliorer la coordination entre acteurs humanitaires et étatiques. Il appelle également à financer durablement les services sociaux, à surveiller l’impact des retours sur les dynamiques communautaires, et à promouvoir un cadre politique inclusif pour une stabilisation durable.

Migration, Gestion de crise, Violence, Réfugié

Dans cet article, Jean-Pierre Olivier de Sardan plaide pour une réforme radicale des armées nationales au Sahel, face à l’échec des réponses militaires conventionnelles contre les insurrections djihadistes au Mali, au Burkina Faso et, dans une moindre mesure, au Niger. Il dénonce la corruption, l’inefficacité et l’isolement des armées, ainsi que l’inadaptation des interventions étrangères. L’auteur insiste sur la nécessité de reconstruire des forces armées protectrices, proches des populations et respectueuses des droits humains, capables de créer des « zones libérées » sécurisées. Il appelle à une articulation concrète entre interventions militaires et projets non militaires (développement, retour de l’État, négociations). L’exemple du Niger, bien que loin d’être parfait, offre un espoir de réorganisation possible. Le cœur de la proposition réside dans la co-construction de la sécurité publique avec les populations rurales, dans une logique de guerre populaire contre le djihadisme.

État, Sécurité, Terrorisme, Activité militaire

Cette étude dresse une cartographie analytique des connaissances produites entre 2012 et 2022 sur six pays du Sahel. À travers l’analyse de 756 documents, elle identifie les thématiques dominantes (sécurité, gouvernance, médiation) et les lacunes importantes (santé, climat, jeunesse, ville). Elle révèle une surreprésentation du Mali, Burkina Faso et Niger, et une sous-représentation du Tchad, de la Mauritanie et du Sénégal. Les entretiens menés soulignent le manque de stratégie documentaire cohérente des membres de l’Alliance Sahel. Le rapport propose de renforcer la plateforme PASAS via des veilles thématiques ciblées, des liens hypertextes plutôt que des demandes de droits, et une diversification des catégories thématiques pour accroître la visibilité et l’utilité de la base. Il plaide pour une coordination entre PASAS, le FCDO et l’USAID.

Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances

Dans “The silent threat: Kidnappings in Burkina Faso”, Flore Berger, analyste senior à la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, décrit l’évolution de la l’industrie de l’enlèvement au Burkina Faso, qui cible désormais massivement les citoyens burkinabè – 97 % des victimes depuis 2017 sont nationales. Les enlèvements, passés d’une dizaine par an en 2017 à plus de 260 en 2021, sont devenus un instrument de guerre et de contrôle social, utilisés pour intimider, punir, recruter, et non seulement pour rançon. Le rapport s’appuie sur 35 entretiens terrain au Burkina Faso et au Mali et des analyses ACLED . Il montre comment ces pratiques, en ciblant les autorités locales et civils, sapent la cohésion communautaire et renforcent les groupes armés. L’article appelle à une reconnaissance urgente de cette menace silencieuse, pour mieux l’intégrer aux réponses de sécurité et aux stratégies de stabilisation régionales.

Sécurité, Droits de l'Homme, Violence, Menace