L’article « Most Western African migrants remain local and travel short distances », rédigé par Irene Tafani, Ola Ali, Rafael Prieto-Curiel et Massimo Riccaboni, analyse les distances migratoires de plus de 60 000 individus dans huit pays d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Guinée, Gambie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria et Tchad) entre 2021 et 2023. À partir des données de l’OIM et d’algorithmes de type Random Forest et XGBoost, les auteurs montrent une distribution bimodale : la majorité des migrations se font à courte distance (moins de 100 km), tandis qu’une minorité parcourt plus de 3 000 km. Les principaux déterminants sont le statut professionnel, la nationalité et les motifs de départ. Les migrations dues aux conflits sont plus longues et imprévisibles. Les auteurs appellent à des politiques qui reconnaissent la prépondérance des mobilités locales et l’instabilité des déplacements forcés dans la région.

Migration, Conflit, Pauvreté, Insertion socio-économique

Le Bulletin bimestriel de surveillance pastorale au Sahel n°33 (juin-juillet 2025), publié par Action Contre la Faim (ACF), présente une amélioration progressive des conditions pastorales avec le début de l’hivernage. La végétation et les points d’eau se reconstituent, offrant des ressources fourragères et hydriques globalement bonnes. L’état d’embonpoint du cheptel est jugé passable, malgré quelques maladies animales sans foyers épidémiques majeurs. Les mouvements de bétail restent modérés, bien que certains retours et déplacements forcés persistent en raison de l’insécurité. Les prix des céréales et du bétail augmentent légèrement, entraînant des termes d’échange défavorables aux éleveurs. Le bulletin souligne aussi la vulnérabilité des ménages déplacés et l’insuffisance de soutien au secteur pastoral.

État, Élevage, Ressources naturelles, Sécurité, Conflit, Éducation, Or, Sécurité humaine, Vulnérabilité, Eau

Cet article propose une analyse à l’échelle infranationale des liens entre la rareté de l’eau et les conflits violents dans la zone centrale du Sahel et du Bassin du lac Tchad (2000-2021). Les auteurs appliquent le concept de « empreinte eau » et l’indice de Falkenmark index pour définir cinq métriques mensuelles de rareté de l’eau (écoulement, humidité du sol, évapotranspiration potentielle, consommation d’eau, démographie). Les résultats montrent des niveaux élevés de rareté de l’eau — notamment déficit d’humidité du sol (« green water scarcity ») et faibles scores de l’indice de Falkenmark — pendant les saisons sèche, pré-monsoon et post-monsoon dans toutes les localisations de conflits recensés. Cela suggère un lien indirect entre déficit d’eau verte, stress hydrique lié à la population et conflits. Les auteurs estiment que leurs résultats peuvent guider la gestion de l’eau et la prévention des conflits dans la région et ailleurs.

Gouvernance, Sécurité, Conflit, Eau

Cet article examine la réponse de la CEDEAO au coup d’État de 2021 en Guinée à la lumière du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance. Les auteurs montrent que la réaction de la CEDEAO fut affaiblie par ses contradictions internes et son manque de cohérence politique. Alors qu’elle condamne les coups d’État, elle reste passive face aux manipulations constitutionnelles de dirigeants tels qu’Alpha Condé, qui a prolongé son mandat par un amendement controversé. Ce double standard a sapé sa crédibilité. Le texte met aussi en évidence la faiblesse des sanctions économiques, l’absence d’intégration régionale profonde et la montée des alliances entre régimes militaires (Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger). L’étude conclut que la CEDEAO doit renforcer sa cohérence, surveiller de plus près les processus électoraux et éviter les deux poids, deux mesures pour redevenir un acteur crédible de la démocratisation régionale.

Pouvoir, État, Gouvernance, Économie du développement, Justice, Conflit, Démocratie, Développement, Élection, Menace

L’article « Regional Cooperation and Maritime Governance in the Gulf of Guinea: A Critical Analysis » de René Ngek Monteh (Université de Yaoundé I) examine les enjeux de gouvernance maritime et de coopération régionale dans le golfe de Guinée, zone stratégique allant du Sénégal à l’Angola. Malgré des initiatives internationales (ONU, UE, CEDEAO, CEEAC, MOWCA), la région reste confrontée à la piraterie, la pêche illégale, le trafic de drogue et la corruption. L’auteur souligne les faiblesses institutionnelles, le manque de coordination, et la méfiance entre États. Il préconise une gouvernance intégrée, la formation des forces maritimes, une meilleure coordination régionale et des réformes politiques pour renforcer la sécurité et exploiter durablement les ressources marines. La stabilité en mer dépend, selon lui, de la stabilité à terre. L’étude conclut à la nécessité d’une approche concertée entre États, organisations régionales et partenaires internationaux.

État, Gouvernance, Sécurité, Paix, Justice, Conflit, Sécurité humaine, Coopération, Menace, Production de connaissances

L’article Managing Election Violence and Sustaining Peace and Security in West Africa, rédigé par le Professeur Charles Ukeje et le Dr Wale Olusola, analyse la recrudescence des violences électorales en Afrique de l’Ouest et leurs conséquences sur la paix et la consolidation démocratique. Publié en novembre 2023 par la Building Blocks for Peace Foundation (BBFORPEACE) en collaboration avec GPPAC West Africa, le rapport montre que les élections, censées renforcer la démocratie, deviennent souvent des catalyseurs d’instabilité. Il identifie les causes structurelles (pauvreté, chômage, exclusion) et conjoncturelles (discours haineux, manipulations, ingérences) avant de proposer des pistes d’action : retour à l’ordre civil, éducation à la paix, réforme des partis politiques, synergie entre la CEDEAO, la société civile et les partenaires techniques. L’étude appelle à des élections inclusives, transparentes et non violentes pour consolider la paix régionale.

Genre, Sécurité, Paix, Justice, Conflit, Violence politique, Élection, Sécurité humaine, Violence, Menace

Cet article présente un jeu de données ouvert et hautement détaillé sur la migration temporaire au Sénégal, construit à partir des données de téléphonie mobile de l’opérateur Sonatel entre 2013 et 2015. Les auteurs y mesurent les flux et stocks migratoires sur 151 localités pour chaque demi-mois, en se concentrant sur les déplacements de 20 à 180 jours. Ce travail pallie les limites des enquêtes traditionnelles, souvent incapables de saisir ces mouvements de courte durée. Un algorithme novateur identifie les événements de migration à partir des traces numériques, tout en distinguant mobilité quotidienne, temporaire et permanente. Le jeu de données, validé méthodologiquement, offre aux chercheurs et décideurs un outil inédit pour analyser la mobilité interne, la résilience face aux chocs économiques ou climatiques et la planification territoriale.

Migration, Conflit, Éducation, Élection, Menace, Urbanisation, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances, Information

L’article « Cameroun : apaiser les luttes liées à l’eau dans l’Extrême-Nord » (International Crisis Group, avril 2024) analyse comment les changements climatiques, les sécheresses répétées et la pression démographique exacerbent les tensions entre communautés (éleveurs, pêcheurs, agriculteurs) dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. En 2021, des affrontements meurtriers ont déjà été signalés autour de points d’eau partagés. Le document recommande de renforcer les mécanismes de gouvernance locale de l’eau, de promouvoir des accords de co-gestion, d’investir dans les infrastructures hydrauliques et d’améliorer le dialogue intercommunautaire. Il insiste sur la nécessité d’une approche inclusive qui prenne en compte les vulnérabilités liées au climat et aux inégalités pour prévenir la violence future.

Gouvernance, Changement climatique, Sécurité, Conflit, Terrorisme, Eau

Cet article examine le rôle des établissements d’enseignement professionnel militaire (EEPM) dans la promotion d’armées africaines professionnelles et apolitiques. Le besoin de renforcer ces institutions s’est accentué face à la politisation croissante des armées et à la multiplication des coups d’État depuis 2020 (Burkina Faso, Tchad, Guinée, Mali, Soudan). L’Afrique compte plus de 118 écoles militaires, dont des Écoles de Guerre, d’état-major et des académies militaires réparties sur le continent. Cependant, la présence de ces établissements ne garantit pas automatiquement un professionnalisme accru : leur efficacité dépend des programmes, de la culture démocratique inculquée et de l’intégration civilo-militaire. Les jeunes officiers africains expriment un fort idéal de service public, mais cet idéal doit être soutenu par des curricula solides. L’article recommande un renforcement qualitatif de ces formations, adapté aux contextes budgétaires, et encourage la coopération régionale pour consolider le professionnalisme militaire.

Politique, Parti politique, Pouvoir, État, Ressources naturelles, Sécurité, Conflit, Or, Sécurité humaine, Menace