Cet article examine les causes psychologiques, sociales et culturelles qui contribuent à la banalisation et à l’enracinement de la corruption en Côte d’Ivoire. Il montre que la corruption ne résulte pas seulement de failles institutionnelles, mais s’appuie sur des logiques culturelles : une logique de redistribution de la fortune acquise, qui incite ceux qui disposent de positions influentes à « redistribuer » à leurs proches ; une logique de postes juteux, où les fonctions publiques sont perçues comme des sources de profit ; et une apprentissage social de la corruption, où les agents reproduisent les comportements observés chez leurs supérieurs. L’article décrit également le concept de débrouillardise imitative, selon lequel des individus imitent des pratiques corruptives qu’ils perçoivent comme normales dans le système. L’étude s’appuie sur des enquêtes qualitatives auprès d’agents, montrant que pour beaucoup la corruption est devenue “usuelle” dans le fonctionnement quotidien de l’État.

Corruption, Gouvernance, Social, Institution

L’épisode met en lumière l’importance des think tanks, des laboratoires d’idées et des universités comme piliers essentiels pour produire et diffuser des connaissances crédibles dans un contexte mondial marqué par la confusion, les crises de sens et les discours polarisés. Il souligne que ces institutions permettent de fournir des données factuelles, d’élaborer des scénarios alternatifs, de servir de médiateurs intellectuels entre savoirs et décision publique, et de renforcer le débat démocratique. À Dakar, lors du colloque célébrant les dix ans de WATHI, Cheikh Gueye a illustré comment les think tanks comme l’IPAR au Sénégal peuvent influencer les politiques publiques (par exemple dans les subventions agricoles) en relayant des analyses pertinentes. Le débat s’est étendu sur le lien entre universités, recherche et décideurs, et sur le rôle des femmes dans les espaces de production de savoirs. L’épisode rappelle aussi que dans un monde où le leadership est en crise, la recherche et le raisonnement éclairé sont plus que jamais nécessaires.

Gouvernance, Production de connaissances, Institution, Recherche scientifique

L’article Managing Election Violence and Sustaining Peace and Security in West Africa, rédigé par le Professeur Charles Ukeje et le Dr Wale Olusola, analyse la recrudescence des violences électorales en Afrique de l’Ouest et leurs conséquences sur la paix et la consolidation démocratique. Publié en novembre 2023 par la Building Blocks for Peace Foundation (BBFORPEACE) en collaboration avec GPPAC West Africa, le rapport montre que les élections, censées renforcer la démocratie, deviennent souvent des catalyseurs d’instabilité. Il identifie les causes structurelles (pauvreté, chômage, exclusion) et conjoncturelles (discours haineux, manipulations, ingérences) avant de proposer des pistes d’action : retour à l’ordre civil, éducation à la paix, réforme des partis politiques, synergie entre la CEDEAO, la société civile et les partenaires techniques. L’étude appelle à des élections inclusives, transparentes et non violentes pour consolider la paix régionale.

Genre, Sécurité, Paix, Justice, Conflit, Violence politique, Élection, Sécurité humaine, Violence, Menace

Cet article présente un jeu de données ouvert et hautement détaillé sur la migration temporaire au Sénégal, construit à partir des données de téléphonie mobile de l’opérateur Sonatel entre 2013 et 2015. Les auteurs y mesurent les flux et stocks migratoires sur 151 localités pour chaque demi-mois, en se concentrant sur les déplacements de 20 à 180 jours. Ce travail pallie les limites des enquêtes traditionnelles, souvent incapables de saisir ces mouvements de courte durée. Un algorithme novateur identifie les événements de migration à partir des traces numériques, tout en distinguant mobilité quotidienne, temporaire et permanente. Le jeu de données, validé méthodologiquement, offre aux chercheurs et décideurs un outil inédit pour analyser la mobilité interne, la résilience face aux chocs économiques ou climatiques et la planification territoriale.

Migration, Conflit, Éducation, Élection, Menace, Urbanisation, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances, Information

L’article « Cameroun : apaiser les luttes liées à l’eau dans l’Extrême-Nord » (International Crisis Group, avril 2024) analyse comment les changements climatiques, les sécheresses répétées et la pression démographique exacerbent les tensions entre communautés (éleveurs, pêcheurs, agriculteurs) dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. En 2021, des affrontements meurtriers ont déjà été signalés autour de points d’eau partagés. Le document recommande de renforcer les mécanismes de gouvernance locale de l’eau, de promouvoir des accords de co-gestion, d’investir dans les infrastructures hydrauliques et d’améliorer le dialogue intercommunautaire. Il insiste sur la nécessité d’une approche inclusive qui prenne en compte les vulnérabilités liées au climat et aux inégalités pour prévenir la violence future.

Gouvernance, Changement climatique, Sécurité, Conflit, Terrorisme, Eau

L’article analyse la dégradation environnementale dans la ville industrielle de Douala, où la mauvaise gestion des déchets, l’absence de politiques environnementales cohérentes et la faible application de la décentralisation aggravent les risques sanitaires et sociaux. Les entreprises, souvent concentrées dans les zones de Logbaba et Bonassama, rejettent effluents et déchets sans réel contrôle, tandis que les communes, censées assurer le suivi environnemental, sont freinées par un cadre juridique contradictoire. L’étude dénonce la “faillite de la responsabilité sociale des entreprises” et le manque d’appropriation des compétences environnementales par les autorités locales. Elle plaide pour une décentralisation effective, une meilleure coordination institutionnelle et une responsabilisation accrue des acteurs industriels. Le cas de Douala illustre la nécessité d’une gouvernance environnementale participative et d’une mise en œuvre rigoureuse de la RSE pour concilier développement industriel et durabilité urbaine.

Gouvernance, Environnement, Décentralisation, Hygiène, Pollution

Ce rapport de l’ADEA, publié par WATHI, analyse les stratégies mises en place par douze pays africains pour assurer la continuité de l’éducation pendant la pandémie de COVID-19. Face à la fermeture des écoles, les gouvernements ont adopté des mesures d’urgence telles que l’enseignement par la radio, la télévision et les plateformes numériques (Zoom, Google Classroom, WhatsApp, etc.). Malgré ces efforts, des défis majeurs persistent : manque d’infrastructures, inégalités d’accès, inclusion des apprenants vulnérables et absence de contenus accessibles à tous. Certains pays, comme le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Maroc et l’Afrique du Sud, ont introduit des initiatives spécifiques pour réduire les inégalités. Le rapport conclut sur la nécessité de renforcer les compétences, la collaboration public-privé et l’investissement dans l’enseignement à distance pour faire face à de futures crises éducatives.

Gouvernance, Inégalité, Éducation, Politique publique, Santé publique, Inclusion

Ce podcast de WATHI, produit en partenariat avec l’ambassade d’Irlande au Sénégal, s’appuie sur le Rapport mondial sur les enseignants 2024 de l’UNESCO et met en lumière les conditions de vie précaires des enseignants en Afrique de l’Ouest. Les intervenants soulignent que la faiblesse des salaires, les classes surchargées et le manque d’accompagnement psychosocial compromettent la qualité de l’enseignement. Malgré quelques réformes positives revalorisation salariale en Côte d’Ivoire, statut particulier au Burkina Faso, intégration d’enseignants en Guinée les défis restent considérables. Les experts plaident pour une meilleure formation initiale et continue, une gestion transparente des effectifs et une reconnaissance réelle du métier d’enseignant. Le débat conclut que l’investissement dans le bien-être et la valorisation des enseignants est essentiel pour assurer l’avenir éducatif de la région.

Gouvernance, Éducation, Politique publique

Le Rapport économique 2023 – Côte d’Ivoire, publié par l’Ambassade de Suisse en Côte d’Ivoire (juin 2024), montre que l’économie ivoirienne a maintenu une croissance robuste malgré les chocs mondiaux (COVID-19, crise Russie-Ukraine). En 2022, sa croissance a atteint 6,9 %, puis 6,5 % en 2023. L’inflation est redescendue à 4,4 % en 2023, et le déficit budgétaire a été réduit à 5,2 % du PIB. Cependant, la dette publique s’élève à environ 58 % du PIB, proche des limites fixées par l’UEMOA. Le rapport souligne les défis de l’économie informelle (environ 90 % du PIB) et l’importance de la formalisation pour accroître les recettes. Sur les exportations, l’augmentation des produits transformés (cacao, cajou, or) est notable, tandis que les importations restent dominées par les combustibles, machines et biens industriels. Le rapport recommande de renforcer les infrastructures, améliorer le climat des affaires, digitaliser l’économie et lutter contre la corruption afin de soutenir une croissance durable.

Gouvernance, Économie du développement, Dette publique, Inflation, Croissance économique