Deux ans après le coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger, conduit par le général Abdourahamane Tiani, le pays demeure dans une impasse politique et socio-économique. Ancien chef de la garde présidentielle, Tiani a justifié la prise de pouvoir par l’incapacité du président Bazoum à résoudre les problèmes sécuritaires et par l’ingérence étrangère, notamment française. Les sanctions de la CEDEAO et les réactions de Paris ont renforcé la légitimité du CNSP aux yeux de certains. Cependant, la fermeture persistante de la frontière avec le Bénin, la hausse des prix et la pauvreté aggravent la désillusion populaire. Bazoum et son épouse restent séquestrés, symbole d’une transition inachevée. Malgré le discours souverainiste, la gouvernance actuelle n’améliore ni l’économie ni la sécurité. L’avenir reste incertain, avec le risque que la quête de dignité ne débouche sur l’insécurité, la dictature et la misère.

Souveraineté, Gouvernance, Coup d'État

L’article, signé par Gado Alzouma, analyse la « guerre mondiale des talents » et la place croissante de l’Afrique dans cette dynamique. Face au vieillissement et à la baisse de natalité dans les pays industrialisés, ces derniers intensifient leurs politiques pour attirer des travailleurs étrangers hautement qualifiés. L’Afrique, avec un âge médian de 19,7 ans et une croissance démographique rapide, devient un vivier stratégique. L’auteur illustre cette ruée avec des réformes migratoires en Allemagne, France, Royaume-Uni, Canada, Japon, etc., visant à faciliter l’installation des talents africains. Si cette tendance offre des opportunités, elle aggrave aussi la fuite des cerveaux, affaiblissant la compétitivité, la recherche et l’innovation sur le continent. L’article conclut que les pays africains doivent créer des économies fortes et offrir des emplois attractifs pour retenir leurs élites, sous peine de continuer à nourrir le développement d’autres régions.

Migration, Jeunesse, Emploi

L’article analyse la montée de l’Afrique comme nouveau théâtre de la rivalité stratégique entre les États-Unis et la Chine. Le mini‑sommet organisé par Trump en juillet 2025 avec cinq dirigeants africains révèle le regain d’intérêt américain pour le continent, historiquement dominé par l’influence sino‑américaine et d’autres puissances. L’Afrique, riche en ressources naturelles – minerais, hydrocarbures – et position géostratégique (Suez, Bab-el‑Mandeb, Djibouti), devient un enjeu majeur de « néo‑impérialisme » global. Pékin y exerce son influence à travers les infrastructures (routes, hôpitaux, chemins de fer) en contrepartie de ressources, créant un fort endettement, tandis que la diplomatie américaine, sous Trump, s’oppose frontalement à l’expansion chinoise. Le texte souligne que cet enjeu africain s’intègre dans la compétition géopolitique plus large dans l’Indo‑Pacifique, où la Chine devient un rival systémique des États‑Unis – s’appuyant sur ses avancées technologiques et son influence mondiale accrue.

Politique, Gouvernance, Ressources naturelles, Influence, Diplomatie

Dans sa tribune publiée le 15 juillet 2025 sur WATHI, Jean‑Marc Segoun explore les tensions entre démocratie substantive et gérontocratie, en insistant sur l’importance du dialogue intergénérationnel. Il présente la démocratie substantive comme un projet politique alternatif, centré sur l’innovation, la dignité humaine et la justice sociale durable, dans lequel le dialogue entre aînés et jeunes est essentiel. En Afrique, la gérontocratie tend à exclure les jeunes du pouvoir, renforçant les inégalités et limitant la transmission de savoirs. L’auteur défend l’usage de l’innovation sociale comme moteur de renouvellement : non pas simplement créer du nouveau, mais réinventer des pratiques mobilisant les savoirs anciens et les aspirations jeunes. Il propose de formaliser des cadres institutionnels favorisant la tolérance, l’éthique intergénérationnelle et les rites de passage, pour rénover la gouvernance et relever les défis des régimes autoritaires.

Gouvernance, Démocratie, Dialogue, Gérontocratie

L’article « Impacts socioéconomiques des dépenses publiques dans l’éducation préscolaire au Sénégal, CRDI et FAUEFAO, Mai 2025 », rédigé par Ibrahima Aïdara et Fatou Cissé, publié en mai 2025 sur le site du Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI), analyse comment les investissements de l’État dans l’éducation préscolaire stimulent la croissance économique (≈ 1,49 %) aussi bien que la construction (≈ 1,52 %), mais avec un impact social plus équitable . L’étude met en lumière que 55,7 % des emplois générés bénéficient aux femmes (contre 33 % pour la construction) et que, particulièrement en milieu rural, la pauvreté recule de 3 %, contre 1,5 % via la construction WATHI. Les auteurs recommandent de subventionner les services de garde, renforcer la qualité et les normes des structures, sensibiliser les familles aux bénéfices cognitifs et sociaux, et soutenir les micro‑entreprises locales. Ce policy brief plaide ainsi pour une stratégie inclusive et efficace d’investissement dans le préscolaire, vecteur de développement économique et d’inclusion sociale.

Gouvernance, Éducation, Politique publique

L’article met en lumière la rencontre inédite qui s’est tenue à Washington du 9 au 11 juillet 2025 entre Donald Trump et cinq présidents africains (Gabon, Guinée-Bissau, Liberia, Mauritanie, Sénégal). Alors que Trump a lancé un ordre exécutif suspendant l’aide américaine et a recentré sa diplomatie sur des accords bilatéraux fondés sur le commerce et la sécurité, cette visite offre au Sénégal, sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye, une opportunité stratégique. En phase avec son programme « Sénégal 2050 », le pays peut tirer profit de ce virage en affirmant son leadership régional, en valorisant ses atouts en sécurité, énergie, numérique et en jouant un rôle pivot face à la montée en puissance de la Chine et des BRICS. Le contexte global est marqué par le retrait de l’aide traditionnelle au profit de partenariats commerciaux structurés. Le Sénégal se positionne comme un allié fiable et stratégique, prêt à attirer des investissements productifs dans un partenariat renouvelé.

Gouvernance, Économie du développement, Sécurité, Diplomatie, Coopération internationale

L’article « Changements climatiques : atténuation et adaptation au Sahel et en Afrique de l’Ouest », issu d’un dialogue entre WATHI et le CSAO, met en lumière la vulnérabilité croissante de la région face au changement climatique. Le Sahel et l’Afrique de l’Ouest subissent une dégradation accélérée de leur biodiversité, des conflits agropastoraux, des sécheresses, inondations et déplacements forcés. L’urbanisation et la pression démographique accentuent les tensions sur les ressources. Les intervenants plaident pour une transition énergétique fondée sur les renouvelables, une meilleure gestion de l’eau, l’intégration des savoirs locaux et une recherche scientifique tournée vers des solutions concrètes. Le rapport appelle à repenser les politiques de développement dans une perspective durable, inclusive et sobre en carbone.

Politique, Parti politique, Économie du développement, Changement climatique, Ressources naturelles, Développement, Or, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances

L’article « Financement et transformation de l’agriculture au Sahel et en Afrique de l’Ouest », publié par WATHI en décembre 2022, présente les défis structurels du financement agricole au Niger, dans un contexte hérité des ajustements structurels des années 1980. Ces réformes ont engendré un désengagement de l’État, la privatisation des banques de développement, et l’effondrement des mécanismes de soutien aux petits producteurs. Face à l’inadaptation des banques traditionnelles aux spécificités agricoles, la Banque agricole du Niger (BAGRI) se distingue par des offres ciblées, notamment envers les femmes et les jeunes. L'article souligne la nécessité d’un financement adapté, d’un encadrement renforcé, de normes de qualité pour l’exportation et d’un soutien à la culture fourragère. Il appelle à des partenariats public-privé et à une approche holistique du développement rural pour rétablir la souveraineté alimentaire.

État, Économie du développement, Genre, Ressources naturelles, Éducation, Développement, Or, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances

Publié le 7 juillet 2025 par le Centre d'études stratégiques de l'Afrique, l’article de Paul Nantulya examine les limites de la diplomatie transactionnelle chinoise en Afrique, fondée sur des accords économiques sans condition politique. Ce modèle suscite aujourd’hui critiques et méfiance dans plusieurs pays africains. En Ghana, des organisations dénoncent les effets écologiques et l’opacité des projets miniers chinois. En Sierra Leone, la remise en question des contrats miniers devient publique. Au Nigéria, malgré des liens solides avec Pékin, des voix s’élèvent contre les déséquilibres commerciaux. Au Sénégal, des tensions émergent autour de projets portuaires chinois. L’auteur met en lumière une désillusion croissante des populations ouest-africaines, exigeant plus de transparence, de gouvernance et de bénéfices locaux. Il plaide pour une refonte des partenariats sino-africains, plus inclusifs et respectueux des priorités africaines.

Politique, Parti politique, État, Ressources naturelles, Sécurité, Paix, Justice, Médiation, Or, Dialogue, Diplomatie