Dans cette publication du Gorée Institute datée du 17 mars 2025, l’auteur Mouhamadou Naby Baldé s’interroge sur les perspectives d’une intégration politique et sécuritaire réussie à la lumière du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO et de leur regroupement au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). L’article explore les motivations de ce retrait, notamment l’hostilité perçue des instances régionales face aux régimes militaires, et les faiblesses internes de la CEDEAO (lenteurs, absence de vision commune, poids des chefs d’État). L’auteur souligne toutefois que l’AES reste une alliance fragile, marquée par l’isolement diplomatique et les défis sécuritaires. Il plaide pour une refondation de la CEDEAO afin d’en faire un véritable espace de convergence des peuples et de construction de souveraineté collective, tout en laissant ouverte la possibilité d’un retour des pays de l’AES dans une CEDEAO réformée.

Souveraineté, Gouvernance, Sécurité, Coopération régionale

Dans cette note publiée par WATHI le 8 mai 2024, à partir d’un rapport de la Banque Islamique de Développement (BID), l’article intitulé « Sortir de la pauvreté : développer le réseau de transport au Tchad » met en évidence le rôle central des infrastructures de transport dans le développement socio-économique du Tchad. Le pays souffre d’un isolement géographique aggravé par un réseau routier limité, inefficace et mal entretenu. Selon la BID, ce déficit entrave l’accès aux services de base, freine la compétitivité et accentue la pauvreté. L’amélioration des infrastructures – en particulier les routes rurales – permettrait de dynamiser les échanges, renforcer l’intégration nationale et favoriser la création d’emplois. L’article appelle à une mobilisation accrue des partenaires techniques et financiers pour appuyer les projets structurants, dans une logique de réduction durable de la pauvreté.

Gouvernance, Développement, Pauvreté

Dans cette interview publiée par WATHI le 18 novembre 2020, Aissatou Ndiaye, sociologue et chargée de projet sur les mutilations génitales féminines (MGF) à Youth Woman for Action (YWA), analyse la situation des droits des femmes et des filles au Sénégal. Elle souligne que, malgré des avancées juridiques significatives et la ratification de nombreux traités internationaux, l'application effective de ces lois reste limitée. Les normes sociales, les stéréotypes de genre et une éducation patriarcale freinent la mise en œuvre des droits des femmes. Aissatou Ndiaye insiste sur la nécessité d'harmoniser les lois nationales avec les engagements internationaux, notamment en ce qui concerne l'article 14 du protocole de Maputo sur l'avortement médicalisé. Elle appelle à une éducation des jeunes axée sur l'égalité des sexes et à une participation accrue des femmes aux instances de décision pour garantir leurs droits.

Gouvernance, Mutilations génitales féminines, Droits des femmes, Égalité des sexes

Dans ce podcast publié par WATHI le 3 mai 2025, Pape Abdou Ndour analyse les enjeux politiques de la Côte d’Ivoire à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Il s’interroge sur l’éventualité d’un quatrième mandat du président Alassane Ouattara, déjà réélu en 2020 après une controverse sur la limitation des mandats. Pour l’auteur, une nouvelle candidature porterait un coup sévère à la démocratie en Afrique de l’Ouest, renforçant une dynamique régionale de confiscation du pouvoir. Le podcast souligne aussi les obstacles juridiques rencontrés par des figures de l’opposition comme Tidjane Thiam, dans un contexte où l’espace politique semble verrouillé. L’intervenant plaide pour une alternance démocratique apaisée, un respect des institutions et un renoncement volontaire du président sortant, dans l’intérêt de la stabilité nationale et régionale.

Politique, Gouvernance, Démocratie, Élection

Ce rapport du Timbuktu Institute analyse la montée en puissance du Jama'at Nusrat al-Islam wal-Muslimîn (JNIM) dans la région des trois frontières entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Le groupe étend son influence via des activités violentes, économiques (trafic, orpaillage, bois) et idéologiques, en exploitant les vulnérabilités socio-économiques, religieuses et géopolitiques. Le Sénégal, bien que jusque-là épargné, est exposé à cause de frontières poreuses, du chômage des jeunes, des griefs socioculturels (castes), de la propagation du salafisme, et de l’exploitation minière perçue comme injuste. Toutefois, la résilience sénégalaise repose sur la cohésion sociale, la modération religieuse, des forces de sécurité professionnelles et des dynamiques communautaires robustes. Le rapport recommande une coopération transfrontalière renforcée, une présence sécuritaire accrue et l’implication des leaders locaux pour prévenir l’infiltration du JNIM.

Sécurité, Extrémisme, Radicalisation

La guerre civile au Soudan, débutée en avril 2023, a provoqué l'afflux de plus d'un million de réfugiés et de rapatriés dans l'est du Tchad, une région isolée et appauvrie. Cette crise humanitaire exerce une pression considérable sur les ressources locales et les capacités d'accueil. Les tensions intercommunautaires s'exacerbent, notamment entre les réfugiés soudanais et les communautés tchadiennes, alimentées par des conflits fonciers et des rivalités ethniques. La présence de groupes armés et les risques de déstabilisation régionale sont également préoccupants. L'article souligne l'urgence d'une réponse internationale coordonnée pour soutenir le Tchad, renforcer la sécurité transfrontalière et prévenir une escalade du conflit.

Gouvernance, Conflit, Réfugié, Crise, Insécurité, Déstabilisation

Dans sa recension de l’ouvrage Guérir en Afrique. Promesses et transformations, Géraldine Vernerey-Kopp analyse une compilation dirigée par Alice Desclaux, Aïssa Diarra et Sandrine Musso. L’ouvrage explore le concept de guérison dans divers contextes africains à travers une perspective pluridisciplinaire et constructiviste. Les 14 chapitres, répartis en quatre parties, abordent la guérison comme promesse thérapeutique, construction collective, perception individuelle et enjeu de santé globale. L’analyse met en évidence la complexité du pluralisme médical, l’interaction entre biomédecine, médecines traditionnelles et religieuses, ainsi que la difficulté à définir « guérir » dans des contextes de maladies chroniques ou sociales. Bien que la guérison échappe parfois à l’analyse, l’ouvrage offre une base riche pour repenser les systèmes de santé et la place des savoirs thérapeutiques locaux en Afrique et au-delà.

Pouvoir, Ressources naturelles, Éducation, Or, Social, Santé, Coutume, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances

L’article analyse l’impact de la désinformation liée au Covid-19 en Afrique de l’Ouest, où les réseaux sociaux facilitent la diffusion de rumeurs et de théories du complot, parfois plus rapidement que les faits scientifiques. Les auteurs identifient les causes structurelles de cette « infodémie » : manque de confiance envers les autorités, asymétrie de l’information, culture de l’instrumentalisation et précarité sociale. Des exemples concrets du Sénégal, du Nigeria, du Kenya et de la Côte d’Ivoire illustrent la manière dont la peur, la stigmatisation et les rumeurs alimentent les tensions sociales. L’article appelle à une communication publique multilingue, inclusive et créative, impliquant leaders communautaires et influenceurs. Il insiste sur le rôle des gouvernements, médias et société civile dans la diffusion d’informations fiables. La qualité de la communication peut, selon les auteurs, faire la différence entre vie et mort en contexte pandémique.

Gouvernance, Numérique, Réseaux sociaux, Désinformation

L’article de Bréma Ely Dicko retrace l’histoire des migrations forcées au Mali, depuis l’époque coloniale jusqu’à la période contemporaine. Sous la colonisation (1893-1960), le travail forcé, l’impôt de capitation et les enrôlements militaires ont généré de nombreux déplacements. Après l’indépendance, des facteurs politiques (répressions, rébellions touarègues), climatiques (sécheresses), économiques (pauvreté, chômage) et institutionnels ont intensifié les mobilités forcées. La crise sécuritaire débutée en 2012 a marqué un tournant, avec des déplacements d'une ampleur inédite, aggravés par les coups d’État de 2020 et 2021. L’article s’appuie sur des données de terrain et des entretiens pour montrer la complexité de ces dynamiques, les réponses insuffisantes des autorités et les situations d’exil prolongé. Il met en lumière les tensions sociales croissantes liées à l’instabilité et les défis de l’intégration.

Politique, Parti politique, État, Migration, Ressources naturelles, Éducation, Or, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances