Cet article analyse l’impact réel des missions de maintien de la paix des Nations Unies sur la résolution des conflits en Afrique subsaharienne. S’appuyant sur l’institutionnalisme libéral et la théorie de la transformation des conflits, l’étude adopte une approche qualitative basée sur des données secondaires. Quatre opérations majeures sont examinées : la MONUC/MONUSCO en RDC, la MINUSS au Soudan du Sud, la MINUSMA au Mali et la MINUSCA en Centrafrique. Les résultats montrent un impact mitigé : les missions ont permis de réduire certaines violences, protéger les civils et faciliter l’aide humanitaire, mais elles peinent à traiter les causes profondes des conflits, à promouvoir la réconciliation politique et à instaurer une paix durable. Les principaux obstacles identifiés incluent des mandats ambigus, un déficit de ressources, une faible appropriation locale et des contextes politiques complexes. L’étude recommande des mandats plus précis, une coopération accrue avec l’Union africaine et un renforcement de la participation locale.

Gouvernance, Paix, Conflit, Gestion de crise, Médiation, Crise

Cet article évalue l’impact de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et les défis auxquels elle est confrontée. À partir d’une méthodologie descriptive fondée sur des sources secondaires (rapports, ouvrages, revues, sources en ligne), les auteurs utilisent l’analyse de contenu et s’appuient sur la théorie institutionnelle. Les résultats montrent que la MINUSMA a contribué à la consolidation de la paix : retour de nombreux déplacés internes, amélioration relative de la stabilité dans le nord du Mali et réduction des victimes civiles. La mission a également appuyé le processus ayant mené à l’Accord de paix et de réconciliation de 2015 et participé à l’organisation des élections de 2013 et 2016. Toutefois, la MINUSMA est l’une des missions les plus coûteuses (environ 600 millions USD/an) et parmi les plus meurtrières. Ses principales difficultés incluent les conflits d’autorité, le manque de personnel, les contraintes logistiques et la fragilité de la mise en œuvre des accords. L’étude recommande une application plus rigoureuse de l’accord de paix.

Paix, Conflit, Gestion de crise, Stabilisation

Ce Policy Brief analyse les nouvelles orientations budgétaires de l’Allemagne et leurs implications pour le Mali, dans un contexte d’insécurité, de conflits et de vulnérabilités croissantes. L’Allemagne est un partenaire financier majeur du Mali, notamment via le ministère des Affaires étrangères (AA) et le ministère de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Pourtant, les coupes budgétaires prévues à partir de 2025 réduisent significativement les montants alloués au Plan de Réponse Humanitaire (PRH). Les fonds allemands soutiennent des secteurs essentiels : nutrition, santé, eau, infrastructures, protection, relocalisation des déplacés, agriculture et programmes HDP (Humanitaire–Développement–Paix). Leur diminution risque d’accroître les vulnérabilités, d’amplifier les déplacements, et de fragiliser les ONG locales qui jouent un rôle central dans la fourniture de services. Le brief formule des recommandations pour atténuer ces impacts et renforcer la résilience des communautés.

État, Économie du développement, Ressources naturelles, Éducation, Médiation, Or, Social, Coopération, Dialogue, Société civile

L’article analyse l’expansion du Jama’at Nasrat al Islam wal Muslimeen (JNIM) dans l’ouest et le sud du Mali, marquée par sept attaques coordonnées du Front de libération de Maçina (FLM) le 1er juillet 2025. Ces offensives visent Kayes et Nioro du Sahel, deux villes économiquement et symboliquement stratégiques, ouvrant un nouveau front loin des zones traditionnelles du centre et du nord. Le JNIM cherche à isoler Bamako en ciblant les routes commerciales, les convois de carburant et les sites industriels, provoquant pénuries, hausse des prix et perturbations majeures du commerce. Malgré un renforcement militaire, les attaques se multiplient, entraînant enlèvements, destructions d’infrastructures et exode massif vers le Sénégal et la Mauritanie. La progression du FLM, combinée à la répression politique accrue de la junte et au retrait des partenaires internationaux, accentue la fragmentation sécuritaire du pays et augmente les risques pour les États côtiers.

Politique, Parti politique, Ressources naturelles, Sécurité, Justice, Violence politique, Or, Sécurité humaine, Violence, Menace

L’article analyse l’évolution des accouchements assistés dans les centres de santé communautaires (CsCOM) des districts de Mopti et Bandiagara au Mali, dans un contexte marqué par une insécurité croissante. L’étude, combinant analyses spatiales, données de performance des centres et entretiens qualitatifs, révèle une forte hétérogénéité territoriale. Alors que la majorité des communes connaissent une baisse ou une stagnation des accouchements assistés, certains CsCOM situés près des zones d’insécurité enregistrent paradoxalement une hausse. Cette concentration s’explique par le déplacement massif des populations vers des zones jugées plus sûres et dotées de centres performants, mieux connectés aux routes et soutenus par des ONG offrant soins gratuits et campagnes de sensibilisation. À l’inverse, les centres isolés connaissent une chute des accouchements assistés en raison de la fuite des professionnels, de la pauvreté accrue des ménages et de la peur des déplacements. L’étude souligne l’importance d’analyses locales fines pour comprendre l’impact réel des conflits sur l’accès aux soins maternels.

Sécurité, Conflit, Violence politique, Éducation, Sécurité humaine, Menace, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances, Emploi

L’article analyse la détérioration rapide de la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest, révélée par le classement RSF 2025 : 11 des 16 pays de la région reculent, certains de manière spectaculaire, comme la Guinée (-31 places), le Burkina Faso (-19) ou la Guinée-Bissau (-18). Cette baisse traduit un rétrécissement profond de l’espace civique, marqué par la montée des régimes militaires, les suspensions de médias, l’arrestation de journalistes et la propagande d’État. Même dans des pays sans rupture constitutionnelle, comme le Sénégal ou le Bénin, la presse subit respectivement une crise économique sévère et un cadre juridique répressif. Face à ces menaces, des organisations comme la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) jouent un rôle essentiel en formant et protégeant les journalistes, notamment à travers la WAMECA 2025, qui a montré le dynamisme de la profession malgré les risques. L’article souligne aussi l’impact croissant de la désinformation et la nécessité d’infrastructures numériques publiques pour préserver un espace informationnel démocratique.

État, Démocratie, Liberté de presse, Désinformation

L’article analyse l’efficacité des forces de défense et de sécurité au Sahel et en Afrique de l’Ouest face à la montée des groupes terroristes. Depuis les années 1990, la fragilisation des armées — sous-équipement, mauvaises formations et absence de modernisation — a réduit leur capacité à répondre aux menaces asymétriques. Les groupes armés exploitent les faiblesses structurelles des États, utilisant des tactiques de guérilla contre des armées restées dans des schémas conventionnels. Le document met en lumière des contextes différenciés : vulnérabilité du Mali et du Burkina Faso, relative résilience du Niger, et transformation réussie de la Mauritanie grâce à des réformes profondes. Il souligne les limites des opérations étrangères et l’inefficacité de la force conjointe du G5 Sahel. L’article propose des recommandations centrées sur la modernisation, la doctrine contre-insurrectionnelle, l’implication des communautés, la coordination régionale et l’investissement dans le renseignement.

Gouvernance, Sécurité, Terrorisme, Coopération régionale

Cet article propose une revue systématique et réflexive de 656 publications (1958–mars 2022) sur les migrations intra-ouest-africaines, extraites de Scopus selon la méthode PRISMA et une analyse de contenu qualitative (Mayring). Il montre une montée en puissance des travaux depuis les années 2000, avec une forte concentration géographique sur le Ghana et le Nigeria, puis le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso. Les thématiques dominantes portent sur le travail, les relations sociales/familiales et l’ethnicité/identité; l’environnement et le changement climatique progressent récemment. Les études traitent davantage des effets que des facteurs de la migration, et privilégient les espaces urbains (effet “urban trap”). Les femmes et les jeunes restent sous-représentés; la perspective translocale est encore rare. Sur le plan épistémique, les affiliations d’auteurs sont majoritairement situées aux États-Unis et en Europe, révélant des déséquilibres postcoloniaux et appelant à décoloniser la production de savoirs et à renforcer les recherches ancrées en Afrique de l’Ouest.

Migration, Genre, Changement climatique, Environnement, Jeunesse, Femmes

Cet article évalue les effets du Programme d’appui au développement sanitaire et social (PADSS2) mis en œuvre dans la région de Mopti (Mali) pour renforcer l’accès aux soins des femmes enceintes et des enfants, dans un contexte marqué par les attaques terroristes. L’étude repose sur une analyse de séries chronologiques interrompues (2016-2021), comparant les zones d’intervention et de contrôle. Les résultats montrent des améliorations modestes mais réelles : hausse des accouchements assistés (+1,5 %), des consultations prénatales et des visites d’enfants de moins de cinq ans. Cependant, l’intensification des attaques terroristes a entraîné une forte baisse de la fréquentation pédiatrique (jusqu’à –40 %). L’étude conclut que, malgré un certain renforcement de l’offre et de la demande, les effets du programme sont restés limités en raison des contraintes sécuritaires et organisationnelles.

Genre, Sécurité, Conflit, Éducation, Sécurité humaine, Influence, Santé, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances, Information