Cet article de Tin Kapetanovic analyse l’expansion de Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) au Sahara-Sahel en mobilisant le cadre théorique de la « transplantation » issu de la criminologie. L’auteur montre que l’implantation du groupe dans la région résulte d’une combinaison de facteurs de « poussée » et d’« attraction ». Parmi les premiers figurent la pression militaire exercée au nord du Mali après l’opération Serval (2013) et la rivalité avec d’autres groupes armés comme l’État islamique au Grand Sahara. Les facteurs d’attraction incluent la faiblesse de la présence étatique, les tensions ethniques (notamment entre Peuls et Dogons), les opportunités économiques liées à l’orpaillage artisanal et aux routes de contrebande, ainsi que l’emplacement stratégique de Mopti et du Liptako-Gourma. JNIM a consolidé son implantation en s’appuyant sur des leaders locaux, en interagissant avec les communautés par le mariage, la fourniture de services et l’instauration de structures de gouvernance islamique. Cependant, cette expansion s’est heurtée à l’émergence de milices d’autodéfense et à l’intensification des opérations militaires nationales et internationales

Gouvernance, Sécurité, Terrorisme, Extrémisme

Publié le 26 juin 2025, ce document de WATHI présente les enjeux et pistes pour revaloriser le métier enseignant en Afrique de l’Ouest. Il souligne d'abord l’importance cruciale des enseignants, alors que la région connaît une forte croissance démographique et une demande éducative exponentielle. Pourtant, les conditions de vie et de travail demeurent précaires : rémunérations insuffisantes, inégalités urbain-rural, insécurité des logements, surcharge des classes, infrastructures inadaptées, absence de soutien psychosocial et formation continue inadéquate. Pour sortir de ce cercle vicieux, l’article milite pour une approche stratégique et collective : impliquer gouvernements, partenaires techniques, syndicats, société civile. Il insiste sur la nécessité d’une revalorisation salariale, d’un meilleur accompagnement, d’un soutien aux enseignants (logements, transports), et d’initiatives concrètes comme les incitations pour les zones rurales. Ces mesures sont présentées comme fondamentales pour construire des systèmes éducatifs plus résilients, inclusifs et porteurs d’avenir en Afrique de l’Ouest.

Gouvernance, Éducation, Politique publique, Recrutement

L’article analyse l’émergence des Koglweogo, groupes d’autodéfense dans les zones rurales du Sahel, face à l’inefficacité de l’État en matière de sécurité. Initialement conçus comme des supplétifs pour combattre le terrorisme (VDP), ces groupes ont souvent exacerbé les violences intercommunautaires, ravivant des cycles de représailles et d’exclusion. Leur recrutement, peu inclusif, et leur formation insuffisante ont fragilisé leur légitimité. L’auteur souligne l’ambiguïté entre une réponse sécuritaire nécessaire et les dérives incontrôlées, avec un risque croissant d’affaiblissement de l’autorité de l’État. L’engagement des Koglweogo illustre les limites d’une stratégie de sécurité mal encadrée et la complexité des dynamiques sécuritaires au Burkina Faso.

Gouvernance, Sécurité, Autodéfense

L’article aborde le défi que représente le financement d'une éducation de masse et de qualité en Afrique de l’Ouest. Il souligne d'abord la faible part allouée à l’éducation — environ 4 % du PIB, contre une norme internationale de 6 %. L'essor démographique rapide de la région accroît la pression sur les ressources disponibles, rendant le défi financier d’autant plus crucial. Lors d’un dialogue virtuel organisé en mai 2024 par WATHI, en partenariat avec l’Ambassade d’Irlande au Sénégal, les participants ont analysé la situation actuelle du financement éducatif, les effets de cette croissance démographique sur la qualité de l’enseignement, et ont dégagé plusieurs pistes d’action. L’article, de type « QUICK », sert à alimenter le débat public et à inspirer les décideurs politiques, en présentant des constats principaux et recommandations pour garantir un meilleur accès à une éducation de qualité pour tous dans la région.

Gouvernance, Éducation, Démographie, Financement

L’article met en lumière le problème fondamental du manque d’emplois décents en Afrique, affectant particulièrement les jeunes. Il s’appuie sur des données de l’OIT et d’Afrobarometer pour révéler que jusqu’à 80 % des travailleurs exercent dans des emplois vulnérables . Le document se distingue en proposant des solutions politiques concrètes, visant à faciliter la transition du secteur informel vers le formel. Parmi les pistes : renforcer la protection sociale, améliorer l’accès à une éducation de qualité, et encourager l’entrepreneuriat, notamment parmi les femmes et les jeunes . L’accent est mis sur l’importance de la qualité des emplois — leur stabilité, leur sécurité, et la dignité qu’ils procurent — plutôt que sur la seule création d’emplois. L’article souligne aussi le potentiel du dividende démographique africain, à condition que les économies diversifient leurs secteurs, surtout au-delà des industries extractives .

Gouvernance, Jeunesse, Vulnérabilité, Emploi

Ce briefing examine les défis de l’intégrité de l’information en Afrique de l’Ouest et propose un cadre politique adapté à ce contexte. Il analyse les instruments existants au niveau international, continental et régional, en identifiant des lacunes dans la gouvernance numérique. Aligné aux lignes directrices de l’UNESCO, le document suggère des exigences minimales pour réguler les plateformes numériques, surtout en période d’élections ou de crise. Le cadre vise à favoriser une gouvernance responsable, à renforcer la confiance sociale et à protéger la cohésion démocratique. Il souligne l’importance de combattre efficacement la désinformation, les discours de haine, et de promouvoir l’accès à une information fiable comme bien public. Ce briefing est conçu comme un outil pour les décideurs, les régulateurs, la société civile, les journalistes et les chercheurs œuvrant à sauvegarder les droits numériques et à renforcer l’intégrité informationnelle dans la région.

Gouvernance, Information, Cohésion sociale, Désinformation

Cet article étudie la capacité des techniques d’intelligence artificielle à prédire l’occurrence de conflits armés interétatiques en Afrique de l’Ouest. À partir d’un vaste jeu de données couvrant la période 1981-2018 et incluant 16 pays de la région, trois modèles de machine learning ont été testés : forêt aléatoire, régression logistique et arbre de décision. Les résultats montrent que le modèle de forêt aléatoire est le plus performant (précision 98 %, rappel 83 %). Les principaux facteurs prédictifs identifiés sont les différences de niveaux démocratiques entre pays et le partage de frontières, tandis que les dépenses militaires apparaissent moins déterminantes. L’étude souligne un risque accru de conflits pour certains dyades, notamment Guinée–Sierra Leone et Côte d’Ivoire–Burkina Faso. Ces travaux mettent en évidence l’intérêt des modèles prédictifs pour concevoir des systèmes d’alerte précoce, tout en rappelant les limites liées à la disponibilité et à la mise à jour des données.

État, Sécurité, Paix, Conflit, Violence politique, Éducation, Menace, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances, Intelligence artificielle

L’article « Adaptation au climat de variétés de mil et de sorgho dans le Nord‑Est du Sénégal : croisement des paramètres pluviométriques, thermiques et phénologiques » étudie les performances de différentes variétés de mil (Souna 3, ICTP 8203, GB 8735, Gawane, Chakti) et de sorgho (CE 180‑33, Payenne, Golobé) face aux contraintes climatiques locales (déficits pluviométriques, stress thermique) dans trois zones du Nord‑Est sénégalais : Podor, Matam et Linguère. L’analyse des données pluviales et de température sur plusieurs décennies révèle une nette diminution des précipitations depuis les années 1970, conjuguée à des contraintes thermiques accrues. Le mil Chakti et l’ICTP 8203 montrent une adaptation notable aux conditions de l’est et de l’ouest, avec une adéquation supérieure à 80 % sur les périodes analysées, tandis qu’aucune variété n’est adaptée au nord. Les paysans citent aussi la divagation animale, les oiseaux ravageurs et les parasites parmi les causes de baisse des récoltes. L’article souligne l’urgence de promouvoir des variétés mieux adaptées et de renforcer les dispositifs de protection culturales.

Agriculture, Changement climatique, Environnement

Le Bulletin de surveillance pastorale du Sénégal (n°41, juin-juillet 2025) met en évidence une installation tardive et irrégulière des pluies, entraînant une soudure pastorale sévère au nord (Louga, Saint-Louis, Matam). Les mouvements de transhumance sont intenses, du nord déficitaire vers le centre et le sud (Kaolack, Kaffrine, Tambacounda), ainsi qu’avec la Mauritanie et le Mali. Si les ressources fourragères et hydriques sont relativement meilleures en Casamance et au Sénégal oriental, le surpâturage et la pression autour des points d’eau accentuent les risques sanitaires et les tensions. Les prix du bétail, notamment des bovins mâles (+12 %), s’envolent, améliorant les termes de l’échange pour les éleveurs mais fragilisant les ménages non-éleveurs. Le bulletin souligne aussi des cas de maladies animales, des vols de bétail fréquents (Louga, Kaffrine, Tambacounda) et des conflits éleveurs-agriculteurs localisés. Les recommandations portent sur le renforcement des infrastructures pastorales, la gestion concertée des couloirs de transhumance et un appui ciblé aux ménages vulnérables

État, Élevage, Ressources naturelles, Sécurité, Conflit, Éducation, Sécurité alimentaire, Or, Pauvreté, Sécurité humaine, Vulnérabilité, Transhumance