Ce rapport analyse l’évolution des bailleurs islamiques au Sahel, de leurs origines historiques aux nouvelles orientations stratégiques. Initialement liés aux solidarités Sud-Sud et aux chocs pétroliers des années 1970, ces bailleurs, principalement issus du Golfe, ont progressivement développé une aide religieuse et privée via les ONG islamiques et organisations à but non lucratif (OBNL). Le rapport met en lumière la privatisation de l’aide, l’émergence d’un « humanitaire musulman », et le rôle croissant des ONG salafistes dans le travail social, notamment au Sénégal. Ces acteurs, perçus comme proches des communautés, offrent une aide jugée accessible et efficace, tout en contestant les coopérations occidentales classiques. Leur influence s’accompagne de stratégies de délégitimation et d’une recomposition des équilibres locaux. Le rapport conclut sur la nécessité, pour les agences internationales, d’adapter leurs approches et de collaborer avec des acteurs islamiques légitimes pour renforcer la paix et le développement.

Politique, Parti politique, État, Économie du développement, Ressources naturelles, Bailleur, Or, Social, Aide, Société civile

L’article « La démocratie substantive : une alternative pour les sociétés de la résignation et du musellement » analyse l’érosion démocratique en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Jean-Marc Segoun met en lumière des régimes « hybrides », civils comme militaires, qui maintiennent leur pouvoir par la gérontocratie, le clientélisme, la militarisation et l’usage coercitif du droit. Ces régimes produisent peur et résignation, réduisent l’opposition au silence et limitent les libertés fondamentales. Des exemples récents incluent la dissolution des partis politiques au Mali, la répression au Burkina Faso, les restrictions en Côte d’Ivoire et le verrouillage du pouvoir au Cameroun. L’auteur appelle à repenser la place de la société civile, non plus comme force neutre, mais comme acteur politique porteur d’alternatives, s’appuyant sur des réseaux et de nouvelles pratiques démocratiques adaptées aux contextes de musellement. Cette « démocratie substantive » permettrait de dépasser les régimes moribonds et de renouveler la pensée politique.

Gouvernance, Démocratie, Société civile

En dix ans, plus de 155 000 morts ont été imputées aux groupes islamistes militants en Afrique. Le Sahel, en particulier le Burkina Faso, le Mali et le Niger, est devenu l’épicentre de cette violence, enregistrant une explosion des attaques depuis 2020. Le JNIM (lié à Al-Qaïda) et l’EIGS (affilié à l’État islamique) dominent la scène sahélienne, étendant leurs activités vers les frontières côtières. Le Burkina Faso concentre plus de la moitié des morts récentes, tandis que le Mali a subi plus de 17 000 morts depuis 2020. Le Niger, fragilisé par le coup d’État de 2023, voit ses pertes quadrupler. La Somalie, avec al-Shabaab, et le bassin du lac Tchad (Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger) restent aussi des foyers meurtriers. L’étude souligne la perte de contrôle territorial des États, avec près d’un million de km² échappant aux gouvernements, et les déplacements forcés dépassant 3,5 millions de personnes.

État, Ressources naturelles, Sécurité, Paix, Violence politique, Or, Sécurité humaine, Violence, Menace, Société civile

En juin 2025, Action contre la Faim (ACF) publie un bulletin de suivi des micro-entreprises à Bassikounou, en Mauritanie, dans le cadre de son programme de résilience économique. L’étude évalue 50 micro-entreprises soutenues par ACF, actives principalement dans le commerce de détail, la restauration et les services. Les résultats montrent une augmentation moyenne de 18 % du chiffre d’affaires depuis le dernier suivi, malgré des défis persistants liés à l’approvisionnement, à la hausse des prix et à la faible diversification des produits. La majorité des bénéficiaires sont des femmes (72 %), qui soulignent l’amélioration de leurs revenus et de leur autonomie. Toutefois, la dépendance aux marchés locaux et la faible capacité d’épargne restent des obstacles à la durabilité des activités. Le rapport recommande un renforcement de la formation en gestion, la diversification des filières et un meilleur accès au crédit.

Économie du développement, Ressources naturelles, Sécurité, Éducation, Développement, Or, Aide, Secteur privé, Société civile, Financement

Ce podcast de WATHI, publié le 29 juin 2025, revient sur les deuxièmes Assises africaines de la démocratie, organisées à Dakar par la Fondation de l’innovation pour la démocratie, dirigée par Achille Mbembé. L'intervenant y défend l’idée d’une démocratie substantive fondée sur l’implication citoyenne, le dialogue politique, la justice sociale et la cohésion nationale – bien au-delà des seules élections. À travers l’exemple du Sénégal, il souligne comment un dialogue national peut renforcer la légitimité démocratique. Le podcast alerte aussi sur le recul mondial de la démocratie, en s’appuyant sur les données d’Afrobaromètre et de V-Dem. Il plaide pour un usage stratégique et souverain des ressources extérieures, le renforcement de la société civile et l’implication des jeunes et des femmes pour construire des régimes durables. Dans un monde instable, l’Afrique doit forger ses propres alliances, fondées sur le pragmatisme, la lucidité et la défense du bien commun.

Souveraineté, Gouvernance, Démocratie, Élection, Société civile

Le bulletin de surveillance pastorale pour avril–mai 2025 en Mauritanie, publié par Action Contre la Faim et ses partenaires, dresse un état préoccupant du pastoralisme à l’approche de la période de soudure. La dégradation des pâturages naturels et l’assèchement des points d’eau, notamment dans les zones de l’Est (Hodh El Chargui et Hodh El Gharbi), accentuent la pression sur les ressources pastorales. Les mouvements de transhumance sont précoces et plus intenses, souvent entravés par des conflits fonciers et une forte concentration animale dans certaines zones. L’état corporel du bétail est globalement passable, mais des cas de pathologies animales sont signalés. Les marchés montrent une tendance haussière des prix du bétail et des denrées de base, au détriment des éleveurs. Enfin, les conditions sécuritaires restent relativement stables mais la situation alimentaire des ménages pastoraux devient de plus en plus critique.

État, Pastoralisme, Élevage, Ressources naturelles, Sécurité, Éducation, Or, Sécurité humaine, Social, Société civile, Marché

Le rapport « Les groupes armés et l’économie des conflits dans les parcs nationaux du Burkina Faso, du Niger et du Bénin » analyse l’emprise croissante des groupes extrémistes violents (notamment le JNIM et l’ISSP) dans le complexe WAP (parcs du W, d’Arly et de la Pendjari). Ces groupes exploitent les tensions locales, les économies illicites (contrebande, orpaillage, braconnage) et l’absence de l’État pour asseoir leur autorité. En échange de la zakat ou d’autres contributions, ils garantissent aux populations un accès toléré aux ressources naturelles et à la sécurité. Le rapport décrit également les tensions entre rangers et populations locales, les dysfonctionnements étatiques, et les rapports ambigus entre insécurité, contrebande et communautés rurales. Le complexe WAP devient un levier stratégique pour ces groupes afin de progresser vers les pays côtiers. Le rapport appelle à une réponse concertée et inclusive mêlant sécurité, gouvernance et développement.

État, Ressources naturelles, Sécurité, Justice, Conflit, Violence politique, Or, Sécurité humaine, Menace, Société civile

Ce rapport analyse les transformations géopolitiques majeures en Afrique de l’Ouest, marquées par le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO et la création de l’Alliance des États du Sahel (AES). Il examine la perte de légitimité des institutions régionales face à des citoyens désabusés, les ingérences croissantes de puissances comme la Russie, la Chine ou la Turquie, et les risques de nouvelles guerres par procuration. L’auteur plaide pour une diplomatie plus inclusive et patiente, fondée sur l’écoute et la médiation. Le rapport propose de recentrer l’intégration régionale sur les besoins concrets des populations, en renforçant la société civile, les initiatives locales, et la gouvernance démocratique. Il souligne enfin l’urgence d’un renouveau du leadership ouest-africain ancré dans les réalités locales et tourné vers la paix durable.

Gouvernance, Société civile

L’année 2024 a été marquée par des inondations sans précédent dans 27 pays africains, touchant plus de 11 millions de personnes, causant 2 500 morts et 4 millions de déplacés. Le Nigeria, le Tchad, le Mali, le Soudan et le Soudan du Sud ont été parmi les plus gravement touchés. Ces événements extrêmes, aggravés par le changement climatique et le phénomène El Niño, sont devenus récurrents. Le rapport souligne que la gouvernance est un facteur déterminant de la vulnérabilité : les pays les plus touchés sont majoritairement classés comme « non libres » avec une faible capacité d’adaptation. L’impact des inondations est exacerbé par des infrastructures fragiles, une mauvaise préparation et la corruption. Le texte appelle à renforcer la résilience climatique à travers une meilleure gouvernance, des politiques de prévention, et une anticipation efficace des risques naturels.

Pouvoir, État, Gouvernance, Ressources naturelles, Conflit, Éducation, Or, Pauvreté, Menace, Société civile