L'article examine les risques agroclimatiques affectant l'agriculture pluviale dans l'ouest du Niger, en combinant perceptions communautaires et données météorologiques. Les communautés identifient la fin précoce des pluies, les vents de sable en début de saison et les séquences sèches comme les principaux risques climatiques. Ces perceptions concordent avec les analyses de données observées, sauf pour la fin précoce des pluies, où une amélioration est notée mais reste imperceptible pour les communautés en raison de la variabilité climatique. Les impacts immédiats incluent des pertes de semis et de récoltes, favorisant l'insécurité alimentaire et l'affaiblissement du bétail. Bien que des stratégies d'adaptation, telles que l'utilisation de variétés améliorées et des techniques de conservation des eaux et des sols, soient mises en place, les communautés demeurent vulnérables face à ces phénomènes. L'étude suggère que des stratégies d'adaptation ciblées sur les risques identifiés aideraient à atténuer les effets du changement climatique sur l'agriculture pluviale au Sahel.

Agriculture, Changement climatique

Cet article explore la formation de l'État au Sahel à travers le prisme du modèle « belliciste » de Charles Tilly, en mettant l'accent sur la guerre contre le terrorisme et ses impacts. En se focalisant sur le Burkina Faso, il montre une dynamique double : d'une part, la guerre renforce les capacités coercitives et ravive le projet national ; d'autre part, elle affaiblit l'État par sa patrimonialisation et son hybridation. Le contexte sahélien confirme en partie les théories de Tilly, mais révèle aussi un État distinct, qui s'éloigne du modèle wébérien idéal. Les politiques sécuritaires internationales et la gestion des groupes d'autodéfense contribuent à cette complexité, exposant l'État à des défis internes et externes. Enfin, si la guerre accélère la formation étatique, elle exacerbe également les tensions sociopolitiques et l'informalité administrative.

Politique, Parti politique, État, Ressources naturelles, Sécurité, Conflit, Éducation, Or, Sécurité humaine, Menace

L'article de Jabir Touré, publié dans la Revue internationale des francophonies, analyse les efforts des pays francophones du Sahel dans la lutte contre le terrorisme, en se concentrant sur le G5 Sahel. Créé en 2014 par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, le G5 Sahel est une organisation intergouvernementale visant à renforcer la sécurité et le développement dans la région. Malgré le soutien international, notamment de la France avec l'opération Barkhane, et la création de la Task Force Takuba en 2020, la force conjointe du G5 Sahel peine à atteindre sa pleine capacité opérationnelle. Les groupes terroristes, tels que le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) et l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS), ont étendu leur influence, rendant l'année 2019 particulièrement meurtrière. Cependant, depuis le Sommet de Pau en janvier 2020, une meilleure coordination entre les forces nationales et leurs partenaires a permis d'inverser partiellement le rapport de force sur le terrain.

Politique, Parti politique, État, Ressources naturelles, Paix, Justice, Conflit, Djihad, Terrorisme, Or

L'article de la Revue internationale des francophonies explore l'importance du lien social entre les forces de maintien de la paix et les populations civiles, en se concentrant sur la MINUSMA au Mali.Il souligne que les opérations traditionnelles de maintien de la paix, centrées sur des aspects tels que la surveillance des cessez-le-feu et la protection des populations, échouent souvent en raison de l'absence d'interactions sociales significatives avec les communautés locales. L'auteur propose une approche alternative axée sur le renforcement du lien social, incluant la maîtrise de la langue locale, l'aide humanitaire, la protection du patrimoine culturel, la promotion du dialogue intercommunautaire et la participation à des activités sportives et culturelles. Cette stratégie vise à instaurer une paix durable en impliquant activement les populations civiles dans le processus de stabilisation.

État, Ressources naturelles, Paix, Justice, Conflit, Or, Social, Menace, Société civile, Crise

Le manque de pâturages dans le Ferlo est aujourd’hui la préoccupation majeure des éleveurs et des différents acteurs du développement dans la zone sylvopastorale, si bien qu’il apparait comme le principal symptôme (re)connu, presque habituel, des crises cycliques qui affectent le pastoralisme au Sénégal. En apparence, cette situation peut être interprétée comme une banale « tragédie des communs », caractérisée par une augmentation significative de la pression sur la ressource, elle-même peu et mal gérée dès lors qu’elle appartient à tous, et dont la régénération est par ailleurs obérée par des facteurs aussi bien naturels (dérèglement climatique) qu’anthropiques (surpâturage, progression du front agricole). Toutefois, dans cette situation comme dans d’autres, la tragédie des communs est un schéma interprétatif lacunaire voire simpliste, focalisant essentiellement les attentions sur les effets considérés comme délétères de la démographie animale et ceux de la gestion communautaire des pâturages. Une analyse plus fine des différents facteurs en cause dans cette « crise des pâturages » et l’observation des stratégies adaptatives des éleveurs et des réponses proposées par les structures de soutien au secteur (cultures fourragères, compléments alimentaires notamment) conduisent à formuler d’autres hypothèses : la pénurie fourragère n’est-elle pas avant tout la conséquence inévitable mais sous-estimée d’une longue suite d’interventions en matière d’hydraulique pastorale ? Cette crise ne traduit-elle pas aussi l’essoufflement de l’ensemble du modèle d’élevage pastoral et les prémices d’une transformation profonde (et peut-être radicale) dont les perspectives restent incertaines ? Plutôt qu’une tragédie à la fin inéluctable, ne faut-il pas l’envisager comme un moment charnière pour le Ferlo et pour l’élevage pastoral tel qu’il existe dans les conditions actuelles ?

Pastoralisme, Élevage, Crise

Cette communication a pour objectif d’analyser les migrations transfrontalières des femmes commerçantes en Afrique subsaharienne. Pour mener à bien cette étude nous avons mobilisé une méthodologie qualitative comportant un guide d’entretien semi-structuré adressé à un effectif de 42 personnes en raison de 6 enquêtés par pays. Les approches que sont : historique, de l’informalité, compréhensive de Max Weber et la méthode comparative de Durkheim Émile ont été utilisées pour l’éclairage théorique. Il résulte de cette étude que les migrations transfrontalières des commerçantes constituent une stratégie de survie et de lutte contre le chômage. En outre, elles affaiblissent la macroéconomie en favorisant la floraison de l’économie informelle. Ainsi, elles permettent au plus grand nombre de ménages vulnérables de survivre.

Parti politique, Migration, Frontière, Genre, Ressources naturelles, Éducation, Or, Femmes, Commerce, Sciences sociales, Recherche, Production de connaissances

L’article « Terrorisme au Sahel : l’exception mauritanienne » s’intéresse aux raisons pour lesquelles la Mauritanie n’a pas connu d’attaques jihadistes depuis 2011, contrairement à ses voisins sahéliens. Cette situation exceptionnelle résulte d’une stratégie multidimensionnelle et pragmatique, adaptée aux spécificités sahéliennes et à la guerre dans le désert. Sous la direction du général Mohamed Ould Abdel Aziz, l’armée a connu une refonte importante, avec une augmentation substantielle du budget militaire, conduisant à la création de Groupes spéciaux d’intervention (GSI). Ces unités d’élite, légères et mobiles, sont conçues pour opérer de manière autonome dans le désert. Par ailleurs, la Mauritanie a instauré des points de contrôle fixes sur les routes transfrontalières et a désigné certaines zones désertiques comme « zones militaires ». Cette approche, alliant modernisation militaire et adaptation aux réalités locales, a permis au pays de reprendre le contrôle de son territoire et de servir d’exemple dans la lutte contre les mouvements jihadistes au Sahel.

Sécurité, Djihad, Terrorisme

L'article "Environnement et maladies dans le Sahel (Afrique de l'Ouest). Un entre-deux-mondes" examine l'interaction entre les conditions environnementales et la prévalence des maladies dans la région sahélienne. Il souligne que le Sahel, situé entre les climats saharien et soudanien, est une zone de convergence pour diverses épidémies. Les pathologies varient selon les saisons et les modes de vie des populations : les pasteurs nomades et les agriculteurs sédentaires ne sont pas affectés de la même manière. Par exemple, la période de "vaches maigres" pour les pasteurs, correspondant à la fin de la saison sèche, diffère de la période des "greniers vides" pour les agriculteurs. Cette dynamique complexe entre environnement et santé publique rend la gestion des maladies particulièrement difficile dans cette région.

Agriculture, Pastoralisme, Changement climatique, Santé

L'article « La Mauritanie : exception sécuritaire dans le paysage sahélien » analyse la stabilité de la Mauritanie face à l'insécurité croissante au Sahel. Depuis 2011, le pays n'a subi aucune attaque terroriste, contrastant avec ses voisins. Cette situation résulte d'une stratégie multidimensionnelle, notamment l'utilisation judicieuse du facteur religieux. La Mauritanie jouit d'une réputation de piété reconnue dans le monde musulman, ce qui a permis d'éviter que l'État soit facilement désigné comme "takfir" par les groupes armés, légitimant ainsi la violence à son encontre. Cette réputation a également servi de base à un dialogue religieux interne, souvent cité en exemple dans la région, incluant un volet carcéral pour lutter contre le djihadisme. Entre 2009 et 2013, des mesures de rigueur sociale, telles que la fermeture des bars et de l'ambassade d'Israël, ont renforcé cette approche. L'article évoque également la "thèse du pacte", suggérant que la Mauritanie serait épargnée en échange d'un soutien financier discret, bien que cette théorie reste débattue. Enfin, l'Islam est présenté comme un vecteur essentiel de cohésion nationale, atténuant les tensions communautaires et les inégalités sociales persistantes.

Sécurité, Djihad, Cohésion sociale